jeudi 20 novembre 2008

Mais que fait la police ?



Certaines personnes pensaient que mon départ pour Montréal était lié à des études, à une première expérience d’enseignement, à des choses finalement tout à fait positives et respectables… Pauvres naïfs ! Non, la vraie raison m’est apparue vendredi dernier sous la forme d’un papier à en-tête , tribunal de Paris et bureau du ministère public, m’enjoignant de payer une somme donnée pour m’acquitter de mon crime… c’est pour échapper à la police, à une société qui ne pouvait tolérer plus longtemps des parasites tels que moi qui, non content d’être à la limite et du fonctionnariat (bon je suis en plein dedans c’est vrai) et de l’intermittence (dont je ne suis pas justement parce que je suis fonctionnaire) provoque les honnêtes gens. Oui, pleurez chers parents, votre fils fait partie de cette racaille anarchisante qui ose laisser un chien déféquer… entendons nous bien : je suis un fervent défenseur du ramassage des crottes, voire de leur réinsertion en milieu naturel. Mais lorsque votre chien fait spontanément dans le caniveau, que vous ne ramassez pas l’objet encore tiède car les 3 sacs plastiques que vous aviez emmenés avaient déjà été sacrifiés pour cette noble cause, que vous avez obtempéré et ramassé l’objet une fois sommé de le faire par les employés habilités à le faire, faut-il que le ministère public vous condamne à 160 euros d’amende ? En même temps mieux vaut faire de l’argent avec de la vraie merde plutôt qu’avec de la merde symbolique, armes, pétrole et autres choses nullement dangereuses et pour lesquelles il ne viendrait à l’esprit de personne de faire la guerre, voilà ce que je me dis. Il y a là indéniablement un certain progrès, et je bénis tous les jours mon doux pays d’origine qui se rappelle opportunément à moi dans ses aspects les plus kafkaïens. Aussi, au nom de Jarry, de Queneau et de mon grand-père Colaneri, au nom d’Alphonse Allais et de tous ces esprits qui ont su célébrer les charmes de la bêtise à la française, j’annonce solennellement que je paierai l’amende susdite sans protester, avec une joie et une tendresse profonde, et avec mes meilleurs salutations au ministère public qui a su manifester l’intransigeance que requérait un tel acte. Oui, je suis un misérable, oui j’ai voulu échapper a un châtiment cent fois mérité en me réfugiant au milieu de caribous dont les fientes majestueuses auraient tempéré la médiocrité de celle de mon chien, et donné à l'horreur d’un tel acte une allure de débonnaireté, voire de dérisoire. Et je le dis bien haut, tant que subsistera la rhétorique alambiquée du droit français, tant que l’on traitera le minime avec sérieux et le sérieux avec petitesse, tant que le scrupule résidera dans la fiente et non dans l’âme, alors la France restera la France. France des robots et des sarkos, pusillanimes patriotes et socialistes effarouchés, je vous salue, vous aime, et vous regrette.



P.S : je vous quitte sur cette image qui ne peut que faire rêver certains, la mise en place d’un Guantanamo pour chien… en attendant celui qui permettra de régler le problème des fonctionnaires, des artistes, des chômeurs professionnels etc… il faut choisir son camp comme dirait l’autre !

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